dans le ciel la perle de rosée atteint sa promesse
transparente la pensée quitte la page
sans voix demeure l’horizon
« Le poème fondu consiste à tirer, d’un poème donné, un autre poème plus court, par exemple d’un sonnet, un haïku. » (suite de la définition sur oulipo.net).
Un petit bonus (ou un gros malus) à l’Agenda ironique de mai 2019 organisé conjointement par La Plume Fragile et Palette d’expressions. Quatre mots imposés : énergumène, schizophrène, maringouin, lambrusque et pourquoi pas, une tentative, une fantaisie calligrammesque.
Pour ceux qui préféraient la première version (comme Patchcath), on peut la retrouver ci-après.
autrefois on riait du reflet de la lune au-dessus du miroir
parfois au seuil de la conscience la présence à peine ouverte du pouvoir des paysans
« Le poème fondu consiste à tirer, d’un poème donné, un autre poème plus court, par exemple d’un sonnet, un haïku. » (suite de la définition sur oulipo.net).
D’après La Peine, Maurice Carême, Petites légendes, 1949 (auteur à redécouvrir cette semaine chez Écri’turbulente)
On vendit le chien, et la chaîne, Et la vache, et le vieux buffet, Mais on ne vendit pas la peine Des paysans que l’on chassait.
Elle resta là, accroupie Au seuil de la maison déserte, A regarder voler les pies Au-dessusde l’étable ouverte.
Puis, prenant peu à peu conscience De sa force et de son pouvoir, Elle tira d’un vieux miroir Qui avait connu leur présence,
Le refletdes meubles anciens, Et du balancier, et dufeu, Et de la nappe à carreaux bleus Où riait encore un gros pain.
Et depuis, onla voit parfois, Quand la lune est dolente et lasse, Chercher à mettre des embrasses Aux petits rideaux d’autrefois.
Illustration. Les paysans du Morvan, Louis Charlot, 1945-1985, Bnf-Gallica
sous la lune l’été comme une chanson toujours une flamme ronde
ivre de rire la voix raconte l’éclat d’un regard
« Le poème fondu consiste à tirer, d’un poème donné, un autre poème plus court, par exemple d’un sonnet, un haïku. » (suite de la définition sur oulipo.net).
D’après Rhénanes de Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
Nuit rhénane
Mon verre est plein d’un vin trembleur commeune flamme
Écoutez la chanson lente d’un batelier Qui raconte avoir vu sousla lune sept femmes Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde Que je n’entende plus le chant du batelier Et mettez près de moi toutes les filles blondes Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter La voix chante toujours à en râle-mourir Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été
Notre-Dame de Paris, un roman, des chansons, une année, Ombrageuse, cette année, sous les arbres du parc d’une Maison blanche, Trop blanche – partout du blanc, dans les herbes folles, dans sa tête, Regardez-le, il a perdu sa beauté dans celle d’une jeune fille qui l’a quitté un mois plus tôt. Esmeralda, désormais, danse pour lui dans sa tête.
Dans la salle commune, des corps tanguent, s’agitent ou s’immobilisent Au rythme de ceux qui courent comme des fous furieux après la rondeur d’un ballon Magnifié par des maillots imprégnés d’eau, de sang, de sel, En boucle, cette chanson, en boucle dans sa tête, devant la lucarne rectangulaire.
Dans sa caboche un peu abîmée, cette année-là, Esmeralda sans fioritures dans la voix du loup-garou,
Pour rendre plus douce la profondeur de sa douleur, pour Apprivoiser au mieux la blancheur des lieux, Reconquérir la vie, l’épouser – à nouveau – pour toujours peut-être. Infiniment, il escorte la jeune et belle gitane dans Sa chambre, dans ses rêves, dans sa tête en feu.
Ma participation n° 1 au Jeu 46, Acrostiche proposé par La Licorne du blog Filigrane. Deux contraintes, ce mois-ci : Un titre imposé (Belle) et un texte en forme d’acrostiche pour rendre hommage à Notre-Dame de Paris.
Illustration. Esmeralda, Estampe, A. Yves, graveur, 1836, Gallica
Pour L’instant C’est un peu Depuis longtemps La Jungle de Lam Qui règne qui conduit Qui affole et pétrifie Qui les enfants grincheux charmeurs Qui les jongleurs de mots vadrouilleurs Qui les besogneux d’ici là d’ailleurs Tant que rien ne bouge, pas de tapis rouge
Une Boule De neige Rhopalique Se développe Rondement doucement Pourquoi comment à quelle fin Le saura-t-on jamais Insane question Dramatique Vis ta vie Danse Point