Wajdi Mouawad

Journal de confinement

« Ouvert dès mardi 17 mars, Wajdi Mouawad, directeur de La Colline vous donne rendez-vous du lundi au vendredi à 11 heures pour un épisode sonore inédit de son journal de confinement, de sa propre expérience à ses errances poétiques : Une parole d’humain confiné à humain confiné. Une fois par jour des mots comme des fenêtres pour fendre la brutalité de cet horizon. »

A écouter ici

L’âme d’Aimé

Pour
L’instant
C’est un peu
Depuis longtemps
La Jungle de Lam
Qui règne qui conduit
Qui affole et pétrifie
Qui les enfants grincheux charmeurs
Qui les jongleurs de mots vadrouilleurs
Qui les besogneux d’ici là d’ailleurs
Tant que rien ne bouge, pas de tapis rouge

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Saul, page 27

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Les livres agissent même quand ils sont fermés, se disait-il, en parcourant d’un regard lourd et inquiétant les murs de cette vaste salle tapissée de livres qui s’offraient à lui dans une magnificence quelque peu outrancière. Vêtus de cuir, certains volumes jouaient les gros bras, d’autres se contentaient d’exposer leur nudité sans fard.

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Gaëlle Josse

Pastel (pixabay)

Il parle fort. Trop fort. Sans raison aucune de hausser le ton, il parle fort, il rit fort. Il a le verbe haut. Qui veut-il sans cesse convaincre ? est-il si rassurant d’entendre ainsi sonner sa voix ? Son timbre wagnérien m’étourdit. Parfois, je lui demande de parler un peu moins fort. Je n’ose pas toujours. Quand j’ose il n’entend pas. C’est moi qui ne parle pas assez fort. J’ai du mal à faire entendre ma voix. Je m’aperçois que j’ai toujours cherché des hommes à la voix douce. J’aime qu’on me parle doucement. (page 36)

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Bernard Dimey

Les enfants de Louxor

Quand je sens, certains soirs, ma vie qui s’effiloche
Et qu’un vol de vautours s’agite autour de moi,
Pour garder mon sang froid, je tâte dans ma poche
Un caillou ramassé dans la Vallée des Rois.
Si je mourrais demain, j’aurais dans la mémoire
L’impeccable dessin d’un sarcophage d’or
Et pour m’accompagner au long des rives noires
Le sourire éclatant des enfants de Louxor. Lire la suite Bernard Dimey

Roger Caillois. 2

« La vision que l’œil enregistre est toujours pauvre et incertaine. L’imagination l’enrichit et la complète, avec les trésors du souvenir, du savoir, avec tout ce que laissent à sa discrétion l’expérience, la culture et l’histoire, sans compter ce que, d’elle-même, au besoin, elle invente ou elle rêve. Aussi n’est-elle jamais à court pour rendre foisonnante et despotique jusqu’à une presque absence. »

L’Écriture des pierres, Roger Caillois, Skira-Flammarion, Collection Champs, 1981 (page 91)

Roger Caillois. 1

« L’extrême diversité des agates entraîne qu’elles présentent une multitude d’images, qui presque toutes, d’ailleurs, demeurent imprécises et ambiguës comme figures de nuées. Il faut, pour les arrêter, que l’imagination y mette du sien et qu’elle se tienne au simulacre qu’elle a choisi de déchiffrer. En outre, les dessins dépendent des espèces. On retrouve des motifs analogues sur les agates de même provenance, au point qu’un amateur expérimenté pourrait déduire celle-ci de la topographie des veines, des taches, des poches, des strates, révélée par la coupe et le polissage de l’échantillon envisagé. Lire la suite Roger Caillois. 1

Au suivant. Agenda ironique, 10-2018

Course de relais - Passage du témoin - Agence Rol

En accord avec Gibulène et La Licorne, après une période de flottement, j’ai le plaisir de vous annoncer que l’Agenda aura bien lieu ce mois-ci.

Le thème vous sera proposé par Jo Bougon du blog L’Impermanence n’est pas un rêve.
Et l’hébergement sera assuré par Chachashire du blog Différence Propre et Singularités, que je remercie car il a permis de faire avancer le schmilblick des vendanges ironiques.

A bientôt !

Image. Course de relais, passage du témoin, Agence Rol, 1912
gallica.bnf.fr

© andrea couturet
Octobre 2018