Pour
L’instant
C’est un peu
Depuis longtemps
La Jungle de Lam
Qui règne qui conduit
Qui affole et pétrifie
Qui les enfants grincheux charmeurs
Qui les jongleurs de mots vadrouilleurs
Qui les besogneux d’ici là d’ailleurs
Tant que rien ne bouge, pas de tapis rouge
Point de tapis rouge ? La cécité vous ronge, mon ami
La couleur n’essaime-t-elle pas peu à peu tous les motifs de la toile endormie
D’un pereskia jaillit un coquelicot
D’un calicot fantomatique ruisselle un essaim de mots
Comment ? Compter sur mes doigts ?
Vous n’y pensez pas !
A bas la métrique !
Vive la botanique !
Et que faites-vous de l’entomologie ?
Sans trombour ni tampette
Les tambocha sont à l’oeuvre sans chaussettes
Depuis la nuit des temps
Inlassablement elles réinventent ô combien
La Jungle de Kipling
Si vous êtes sourd à cette complainte clandestine
Si vous êtes harassé par ce tempo affranchi
Alors tant pis
« N’y eût-il dans le désert
qu’une goutte d’eau qui rêve tout bas,
dans le désert n’y eût-il
qu’une graine volante qui rêve tout haut,
c’est assez,
rouillure des armes, fissure des pierres, vrac des ténèbres
désert, désert, j’endure ton défi
blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen » (*)
Ma participation à l’Agenda ironique d’avril 2019 organisé par Anna Coquelicot du blog Bizarreries & Co. L’argument ? Un poème d’Aimé Césaire, Insolites bâtisseurs.
« tant pis si la forêt se fane en épis de pereskia
tant pis si l’avancée est celle des fourmis tambocha
tant pis si le drapeau ne se hisse qu’à des hampes
desséchées
tant pis
tant pis si l’eau s’épaissit en latex vénéneux préserve la parole rends fragile l’apparence capte aux décors le secret des racines la résistance ressuscite
autour de quelques fantômes plus vrais que leur allure
insolites bâtisseurs »
Moi, laminaire, Le Seuil, 1982
(*) Blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen, Ferrements, Aimé Césaire, 1960
Ici, le tableau La Jungle de Wifredo Lam (1902 – 1982).
Et un clin d’œil au jeu 45 de La Licorne pour la première partie du poème.
L’illustration est un collage numérique qui prend sa source dans le volume 17 des Mémoires du Museum d’Histoire naturelle (Planche 18, Pereskia Lychnidiflora) de la Direction des bibliothèques et de la documentation. bibliotheques.mnhn.fr
Pixabay a fourni gracieusement le bouquet de coquelicots et les fourmis.
C’est superbe!
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Merci Clémentine.
Mais bof bof… Le collage me plaît bien mais alors, le texte ! Au secours ! Je m’absente pour quelques jours donc j’ai dû faire vite !
😦
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Mais si, tu es trop modeste. J’aime et le collage et le poème!
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🙂
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Moi aussi, j’aime les deux ❤
C'est quoi, cette modestie de fourmi ingénieuse qui refuse de croire que la graine – de pereskia – qu'elle transporte n'est pas la genèse d'une forêt fécondée par une goutte d'eau qui rêve tout bas !
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Rhhhooo, marci Martine…
Ton commentaire est aussi lourd à porter que le fardeau de la fourmi !
❤
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Magnifique poème, merci!
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Je n’aurais jamais pensé que Les tambocha puissent fertiliser autant l’imagination. Vive l’entomologie, vive la botanique, morale amétrique.
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Merci de votre passage, Plume.
Une question : vous avez participé à l’Agenda ou pas ? Je ne vois votre texte nulle part !
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non, j’ai « postulé » pour participer au prochain. J’ai voté pour les textes d’avril. J’avais participé à celui d’avant sur le lampadaire.
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D’accord ! Merci !
🙂
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« Fourmis sans chaussettes » et « goutte d’eau qui rêve tout bas »…j’adore !
(ainsi que le petit chapeau qui couronne le tout !)
Déroulons le « tapis rouge »…:-)
Bises.
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J’aime vraiment beaucoup ! vivent les fourmis déchaussetées.
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Merci Parnets !
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