Pastiches proustiens. J -19

Pour mémoire,  la Société des amis de Marcel Proust organise un concours de pastiches proustiens. La date de dépôt des participations approche à grands pas puisqu’elle est fixée au dimanche 31 mars 2019 à minuit, heure de Paris.

Pour celles et ceux qui voudraient s’y frotter sans s’y piquer, toutes les informations sont à lire ici.

Proust
© épaisseur sans consistance, 2019

Marcel Proust. 8

« Les levers de soleil sont un accompagnement des longs voyages en chemin de fer, comme les œufs durs, les journaux illustrés, les jeux de cartes, les rivières où des barques s’évertuent sans avancer. À un moment où je dénombrais les pensées qui avaient rempli mon esprit pendant les minutes précédentes, pour me rendre compte si je venais ou non de dormir (et où l’incertitude même qui me faisait me poser la question était en train de me fournir une réponse affirmative), dans le carreau de la fenêtre, au-dessus d’un petit bois noir, je vis des nuages échancrés dont le doux duvet était d’un rose fixé, mort, qui ne changera plus, comme celui qui teint les plumes de l’aile qui l’a assimilé ou le pastel sur lequel l’a déposé la fantaisie du peintre. Mais je sentais qu’au contraire cette couleur n’était ni inertie, ni caprice, mais nécessité et vie.

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Pasticher Proust, ça vous tente ?

 

Information

« Concours de Pastiches proustiens 2019

Présentation

A l’occasion du centenaire de la publication de Pastiches et Mélanges paru en juin 1919, la Société des Amis de Marcel Proust organise un concours de pastiches proustiens.

Pour mémoire, Marcel Proust se prit souvent au jeu pastiche littéraire, et notamment en 1908-1909, dans une série d’articles évoquant un même fait-divers, L’Affaire Lemoine. Ces pastiches furent réunis, en 1919, avec d’autres articles, dans un volume intitulé Pastiches et MélangesLe Temps retrouvé, dernier volume de A la recherche du temps perdu, contient également un célèbre pastiche du Journal des frères Goncourt. Le style de Proust a lui-même été souvent pastiché, par exemple par André Maurois (Le côté de Chelsea) ou Jean-Louis Curtis (La Chine m’inquiète ; La France m’épuise).

Proust

Voici ce que Proust écrit dans Contre Sainte-Beuve pour expliquer son goût du pastiche : « Dès que je lisais un auteur, je distinguais bien vite sous les paroles l’air de la chanson qui en chaque auteur est différent de ce qu’il est chez tous les autres et, tout en lisant, sans m’en rendre compte, je le chantonnais, je pressais les mots ou les ralentissais ou les interrompais tout à fait, comme on fait quand on chante où on attend souvent longtemps, selon la mesure de l’air, avant de dire la fin d’un mot. Je savais bien que si, n’ayant jamais pu travailler, je ne savais pas écrire, j’avais cette oreille plus fine et plus juste que bien d’autres, ce qui m’a permis de faire des pastiches, car chez les écrivains, quand on tient l’air, les paroles viennent bien vite ». »

Pour de plus amples informations, consulter le site de la Société des Amis de Marcel Proust et des Amis de Combray, ici.

Marcel Proust. 7

« L’œuvre de Sainte-Beuve n’est pas une œuvre profonde. La fameuse méthode, qui en fait (…) le maître inégalable de la critique du XIXe, cette méthode, qui consiste à ne pas séparer l’homme et l’œuvre, à considérer qu’il n’est pas indifférent pour juger l’auteur d’un livre, si ce livre n’est pas un «  traité de géométrie pure  », d’avoir d’abord répondu aux questions qui paraissaient les plus étrangères à son œuvre (comment se comportait-il, etc.), à s’entourer de tous les renseignements possibles sur un écrivain, à collationner ses correspondances, à interroger les hommes qui l’ont connu, en causant avec eux s’ils vivent encore, en lisant ce qu’ils ont pu écrire sur lui s’ils sont morts, cette méthode méconnaît ce qu’une fréquentation un peu profonde avec nous-mêmes nous apprend  : qu’un livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices. Ce moi-là, si nous voulons essayer de le comprendre, c’est au fond de nous-mêmes, en essayant de le recréer en nous, que nous pouvons y parvenir.

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