Saul, page 27

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Les livres agissent même quand ils sont fermés, se disait-il, en parcourant d’un regard lourd et inquiétant les murs de cette vaste salle tapissée de livres qui s’offraient à lui dans une magnificence quelque peu outrancière. Vêtus de cuir, certains volumes jouaient les gros bras, d’autres se contentaient d’exposer leur nudité sans fard.

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Idéalisation. Madeleine sans Léonie #7

Léonie
© andrea couturet

Mais, où est donc passée mon aiguille ?! [Un temps] Non. Elle n’a pas fait ça. Ce serait pur enfantillage. LÉONIE ! RENDS-MOI IMMÉDIATEMENT MON OUTIL DE TRAVAIL ! Cette écharpe ne sera jamais finie à temps. Mais pourquoi je m’égosille de la sorte, moi, alors que je suis en si charmante compagnie ?

Ah, Christian Bobin ! Toute une époque. Depuis quelques jours, Andrea baigne dans une sorte de nostalgie distanciée. En effet, sur le blog de Martine, elle a découvert un nouveau lien, un « atelier à ciel ouvert », Nervures et entailles de Joséphine Lanesem : un lieu rafraîchissant, irrigué par une écriture soignée, exigeante, vivante et à l’identité formelle d’une sobriété résolument avantageuse – sauf peut-être la couleur indéfinissable de l’arrière-plan tirant sur le bleu-vert ou le vert-bleuté, étendue maritime pixelisée qui lui pique les yeux (trop de louanges serait douteux, n’est-ce-pas, et puis tout le monde ne voit pas la vie en bleu).

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Christian Bobin

« – C’est quoi, un livre inutile ?
– C’est un livre qui ne parle que des livres, comme celui-ci.
– Alors pourquoi l’écrire ?
– Les livres sont des boîtes à musique remplies d’encre. J’ai voulu recueillir, juste avant qu’elles s’éteignent, quelques notes grêles, quelques airs de berceuse.
– La littérature n’est rien de plus qu’une berceuse ?
– Ce serait déjà beaucoup si elle atteignait à la gaieté des airs qui endorment une enfance, cette gaieté mélancolique si étrange, reconnaissable des années après, douceur de l’éphémère, chagrin de l’éternel – ritournelle de quatre sous. »

Un livre inutile, Christian Bobin, Fata Morgana, 1992