« Plus vous aurez une meilleure image de vous-même,
moins vous idéaliserez les autres
et mieux vous vous sentirez ».

© Antonio Mora
© Antonio Mora
– Vous comprenez, n’est-ce-pas… C’est résolument insupportable !
– Vous prenez la connerie trop au sérieux.
[En arrivant, elle lui montre fièrement le sac qu’elle a réalisé elle-même en patchwork].
Portrait de Madame de Staël. Peinture de Marie Eleonore Godefroid, 1813. Musée du Château de Versailles
– Vous savez bien que je préfère l’ombre à la lumière.
– Vous n’êtes pas dans l’ombre. Vous êtes dans le noir.
Juillet 2017
Le Chat, Philippe Geluck
© andrea couturet
Mais, où est donc passée mon aiguille ?! [Un temps] Non. Elle n’a pas fait ça. Ce serait pur enfantillage. LÉONIE ! RENDS-MOI IMMÉDIATEMENT MON OUTIL DE TRAVAIL ! Cette écharpe ne sera jamais finie à temps. Mais pourquoi je m’égosille de la sorte, moi, alors que je suis en si charmante compagnie ?
Ah, Christian Bobin ! Toute une époque. Depuis quelques jours, Andrea baigne dans une sorte de nostalgie distanciée. En effet, sur le blog de Martine, elle a découvert un nouveau lien, un « atelier à ciel ouvert », Nervures et entailles de Joséphine Lanesem : un lieu rafraîchissant, irrigué par une écriture soignée, exigeante, vivante et à l’identité formelle d’une sobriété résolument avantageuse – sauf peut-être la couleur indéfinissable de l’arrière-plan tirant sur le bleu-vert ou le vert-bleuté, étendue maritime pixelisée qui lui pique les yeux (trop de louanges serait douteux, n’est-ce-pas, et puis tout le monde ne voit pas la vie en bleu).
– Vous êtes complètement éteint aujourd’hui.
– Il serait temps que vous vous aperceviez que je ne suis pas une lumière.
Le Chat – Philippe Geluck
En ce lundi de début avril, dans le train qui m’emmène à Paris-Saint-Lazare, une femme est assise non loin de moi, de dos. Bouclés, fournis et courts, ses cheveux noirs de couleur orangée tendant vers le rouge témoignent avec éclat du plus mauvais goût, du plus mauvais choix de sa perruque. Corpulente, elle porte une longue robe très colorée – avec une prévalence de jaune vif – aux motifs floraux africains. Elle tient son smartphone à la manière d’une tasse de thé, le petit doigt en l’air, tout près de son oreille gauche. Sa main droite serait-elle plongée dans un paquet de madeleines ? D’imposants bijoux dorés ornent ses doigts et ses poignets – peut-être même son cou. Peints en vert façon menthe fraîche, elle semble fière de ses ongles.