OuLiPo. Poème fondu. 7

autrefois on riait
du reflet de la lune
au-dessus du miroir

parfois au seuil de la conscience
la présence à peine ouverte
du pouvoir des paysans 

« Le poème fondu consiste à tirer, d’un poème donné, un autre poème plus court, par exemple d’un sonnet, un haïku. » (suite de la définition sur oulipo.net).


D’après La Peine, Maurice Carême, Petites légendes, 1949
(auteur à redécouvrir cette semaine chez Écri’turbulente)

Les paysans du Morvan - Gallica

On vendit le chien, et la chaîne,
Et la vache, et le vieux buffet,
Mais on ne vendit pas la peine 
Des paysans que l’on chassait.

Elle resta là, accroupie
Au seuil de la maison déserte,
A regarder voler les pies
Au-dessus de l’étable ouverte.

Puis, prenant peu à peu conscience
De sa force et de son pouvoir,
Elle tira d’un vieux miroir
Qui avait connu leur présence,

Le reflet des meubles anciens,
Et du balancier, et du feu,
Et de la nappe à carreaux bleus
riait encore un gros pain.

Et depuis, on la voit parfois,
Quand la lune est dolente et lasse,
Chercher à mettre des embrasses
Aux petits rideaux d’autrefois.

Illustration. Les paysans du Morvan, Louis Charlot, 1945-1985, Bnf-Gallica

11 Replies to “OuLiPo. Poème fondu. 7”

Commentaires fermés