Au commencement

Zut. Zut et zut. Fin 2017, il était au Théâtre du Rond-Point, à Paris. Je connais ce théâtre. Quelle pièce ai-je donc vue dans ce théâtre. Non. Ce n’est pas possible. Mais où donc avais-je la tête à la fin de l’année dernière. Fais quelque chose, bon sang. Pourquoi cette information m’a-t-elle échappé. POURQUOI. Peut-être devrais-je créer des alertes. « Jouissif et imperceptiblement drôle » d’après Libération. « Objet scénique non identifié » selon Le Monde. De toute façon, je ne sais pas créer des alertes. Et je n’ai nulle envie de savoir. Non, non, inutile d’ouvrir un nouvel onglet. « Moment rare à savourer » Les Inrocks. Cesse de lire les critiques. Voyons ses dates de tournée pour la saison 2017-2018. Neufchâtel. Vevey. Bienne. Je ne vais tout de même pas me déplacer en Suisse pour le voir. Et pourquoi pas. Tiens, Montreuil. Le Nouveau Théâtre de Montreuil. Je ne dirais pas que c’est l’Étranger, non. Meursault n’a rien à voir avec cette histoire. Je ne veux surtout pas commettre la même erreur. Non vous n’y êtes pas du tout. Dans une vie antérieure, sur un forum sans intérêt, ce propos (c’est l’Étranger) m’avait valu d’être placée sur la liste noire d’une personne qui vivait justement en Seine-Saint-Denis et à qui j’avais dis de manière passablement confiante et innocente que pour moi, ce département situé au nord-est de Paris, c’était l’Étranger. Sauf qu’elle n’avait pas compris qu’il s’agissait d’un trait d’humour. Je voulais juste dire que par rapport à mon lieu de vie – à l’époque, Rambouillet dans les Yvelines – le Neuf-Trois, c’était loin. Très, très, très loin. C’est comme si je partais à l’Étranger, voyez, comme si je partais pour l’Afrique du Sud ou l’Australie. Et je n’ai rien contre les Séquano-Dionysiens. Sans doute suis-je très maladroite. Donc. Pourquoi ne pas me rendre à Montreuil. Métro Mairie de Montreuil, sur la ligne 9 du métro parisien. C’est faisable. La billetterie est d’ores et déjà ouverte. Certes, le mois de juin est encore assez lointain. Peut-être un samedi, à seize heures. Parce que le soir, à vingt heures, c’est un peu tard. Le temps de rentrer. Avant de réserver, je tape son nom sur Google (le nom de l’artiste dont il est question ici. Non, je n’ai pas oublié d’insérer un lien sur ici. Ici renvoie au contexte général de cet article, lequel article devient aussi dense que la forêt amazonienne – laquelle forêt se meut désespérément en peau de chagrin au fil des ans – et aussi illisible (l’article) qu’une phrase de Bernard d’Algouvres. On pourrait aussi penser à Nathalie Sarraute, me direz-vous, mais ça, c’est une autre histoire. Olivier, croyez-bien que je suis confuse mais la nuit porte conseil). Une viméo est disponible sur Vidéo. Pardon. Une vidéo est disponible sur Viméo. QUOI. Il est passé à Paris en novembre 2015. Au Musée Picasso, dans le Marais. Ah, quelle merveille que ce quartier. La Maison de Victor Hugo, place des Vosges, où se tient actuellement une exposition La Folie en tête. N’est-ce-pas Barbara. La chambre de Proust au musée Carnavalet. Toujours en travaux, celui-là. Je rêve. Pourquoi le sort s’acharne-t-il ainsi. Cinquante-trois minutes et trente-trois secondes plus tard, je suis sous le charme ou, plus précisément, sous la charmille du Haut-Marais. En Belgique. En Europe, quoi. Il n’y a pas à tortiller, je veux voir ce type sur scène. Je réserve deux places. Siméon acceptera-t-il de m’accompagner. Oui. Il est très joueur et bon public. Et de clics en double-clics exaltants, je me familiarise avec ce comédien déroutant.

Il est tard tout à coup. Une question lancinante me hante l’esprit. C’était quoi déjà, le début de cette histoire. Comment en suis-je arrivée là. Où ça, là. Eh bien, sur cette page, sur ces feuillets volants, sur tous ces hyperliens sonnants et trébuchants qui m’ont permis de découvrir l’existence de ce foutu comédien et de ce fichu spectacle.

Absence. Fatal error. Bug.

Ma tête oscille entre la pastèque et le chou vert. Non, Monsieur Dodo, il n’y a rien de comestible pour vous en ce dimanche matin qui décidément n’a rien de silencieux. J’ai l’impression d’être dans un épisode de Black Mirror. Tragique. Déshydratée, je quitte un instant mon bureau, mon écran, mon clavier. Ah. Du cidre brut bien frais. Quelle joie sous le palais et dans la gorge. Après un effort dont vous ne pouvez imaginer l’amplitude, mon absence se dissipe peu à peu. D’un noir Soulages, elle devient gris-souris.

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Suis-je sotte. Tout a commencé chez Julien, Le Fictiologue. Dans sa chronique du 1er février 2018 (donc tout récemment, n’est-ce-pas), il évoque la figure attachante d’un conteur libanais, Jihad Darwiche. J’ai toujours eu beaucoup d’affection pour les conteurs. Cela me rappelle l’époque où j’étudiais les contes à l’université. Je serais curieuse de savoir si cette option existe toujours. Julien a donc eu l’honneur de l’interroger. L’entretien est disponible sous forme de podcast via un lien qui vous propulse sur la page web d’une radio suisse (RTN). Quelques lignes annoncent la couleur :

 » Jihad Darwiche, l’ambassadeur des contes, à La Chaux-de-Fonds
(…)
On a raconté des histoires dans la Matinale RTN.
A La Chaux-de-Fonds, l’Association Paroles organise une Nuit de contes samedi soir. Le conteur libanais Jihad Darwiche est l’invité d’honneur. Et il était également l’invité de l’émission ce jeudi ».

Avant de cliquer sur les deux liens, j’ai tapé La Chaux-de-Fonds sur Google. De la Suisse, je ne connaissais jusqu’à présent que la maison de Jean-Jacques Rousseau à Genève et la statue de Freddie Mercury à Montreux. Que voulez-vous, I want to break free dans la fine fleur de mes Rêveries. Bref, je clique sur le lien de l’Association Paroles. Non, je ne pense pas un seul instant à Iolanda Cristina Gigliotti, née le 17 janvier 1933 au Caire et morte à Paris le 3 mai 1987. Je parcours donc tranquillement le programme proposé par l’Association Paroles, en chantonnant non sans une pointe de nostalgie Il venait d’avoir 18 ans (c’est mon côté midinette) jusqu’à ce que mes yeux s’affolent devant ces mots :

 » Déambulation idiote à travers le savoir contemporain « 

Vous connaissez la suite, épuisante Blogosphère.

Merci Julien.

2b Company
Vimeo

Source Image, publicdomainpictures.net
© andrea couturet
Février 2018

9 Replies to “Au commencement”

  1. J’suis pas Prophète, ni voyant d’ailleurs, mais je trouve ce texte rutilant. Il me réconcilie avec la Littérature. Un plaisir. (voir, si vous avez le temps, photomaton, ma démarche ou le beur et l’argent du beurre). A+

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    1. En trempant mes lèvres dans mon verre de cidre brut, j’ai pensé à vous Aldor. J’étais à la fois attentive et insouciante. J’ai failli en parler dans mon article… mais ma tête a fait « non » de la tête !
      🙂

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  2. Beau blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte. blog très intéressant et bien construit. Je reviendrai. Si vous voulez, n’hésitez pas à visiter mon blog. Au plaisir.

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